Film britannico-américain de Rose Glass avec Kristen Stewart, Katy O’Brian, Ed Harris, Jena Malone
Elles s’appellent Lou et Jackie et se rencontrent dans une salle de sport suintante du Nouveau Mexique. L’une s’y ennuie à l’accueil, l’autre s’y entraîne. Entre elles, le coup de foudre est intense. Total. Malheureusement, tout se complique quand Jackie trouve un job dans le club de tir tenu par le père de Lou, un mafieux notoire qui tient la ville en coupe réglée. Prises malgré elles dans une spirale infernale, Jackie et Lou vont devoir se battre pour échapper aux griffes de ce père givré…
L’Amérique profonde des années 80 réinventée par la réalisatrice britannique Rose Glass est un bijou de fantasme de cinéphile. Stylisée à l’extrême, avec sa poussière ocre, ses lumières bleues en halo qui traversent les persiennes, on y retrouve avec gourmandise tous les archétypes du thriller érotico-sanglant hollywoodien des années Reagan – mais détournés dans une veine queer joyeusement décomplexée et vengeresse. Toxicité, emprise, chantage, violence conjugales… Love lies bleeding fait un sort à l’image lissée du bonheur familial made in USA. Rose Glass pose sur les corps, le désir, les affres de la chair, les pulsions de violence un regard tantôt sérieux (dans ses échappées loufoques), tantôt narquois (pour filmer les situations les plus réalistes). Sans être outrageusement gore, le film dénote une sincère fascination pour les corps nus, caressés ou violentés, moites et sanguinolents. Cette esthétique hyper étudiée est mise au service d’un récit haletant, mené par des héroïnes qui se révèlent de plus en plus attachantes au fur et à mesure que l’intrigue les enferme dans les méandres inextricables de ses machinations. À la fois furieusement moderne et agréablement vintage, relevé d’un humour décapant, Love lies bleeding nous laisse pantelant et ravi.
Jeudi 4 juillet 2024 – 22h30 – La Passerelle – Durée : 1h45 – VOST – Interdit < 12 ans