Juliette au printemps

Film français de Blandine Lenoir avec Izïa Higelin, Sophie Guillemin, J-Pierre Darroussin, Noémie Lvovsky, Eric Caravaca, Liliane Rovère

Juliette est fatiguée. Marre de son train-train quotidien. Un peu marre de sa vie aussi. Juliette sort d’une dépression qui la laissée KO. Faire une visite à sa famille pour se ressourcer ? Quelle bonne idée ! Quoique… Entre un père lunaire, une mère artiste complètement folle de son nouveau mec, une grand-mère aux portes d’Alzheimer qu’il faut surveiller comme le lait sur le feu et une sœur accaparée par son taf, ses deux marmots, son mari et son amant, pas sûr que ce soit le meilleur plan pour se reposer. Mais bon, Juliette y croit. Elle en profitera pour essayer de dormir, un peu, et pour dessiner, beaucoup, son père notamment, entouré de trois enfants, à la limite de l’obsession. Parce que c’est son métier, dessinatrice de livres pour enfants. Et avec cette dépression, l’inspiration était partie voir ailleurs.

Blandine Lenoir montre dans ses films une capacité étonnante à traiter des sujets tabous ou durs avec douceur. Après la ménopause dans Aurore (2017), puis l’avortement dans Annie colère (2022), elle revient ici avec une comédie douce amère sur la dépression, autour d’une famille aussi fantasque qu’attachante. La bataille des femmes qu’elle nous a si bien narrée dans Annie colère n’est pas si loin dans Juliette au printemps, à une échelle certes plus intime, plus discrète, mais c’est bien l’indépendance et la liberté que les trois générations de femmes présentes veulent obtenir. Les hommes n’en tiennent pas moins une place importante, même s’ils sont taiseux et maladroits, à l’instar du géant Pollux que Juliette va croiser sur sa route et qui sera d’un grand réconfort. Le scénario est ciselé, l’ambiance est riche et changeante, au gré des humeurs et des sentiments, tantôt chaleureuse et émouvante, tantôt burlesque et poétique. L’interprétation est remarquable. On quitte la salle avec un sentiment de tendresse pour toutes et tous ces humains fragiles qui nous ressemblent. 

Mercredi 3 juillet 2024 – 21h – La Passerelle – durée : 1h36