Documentaire français de Stéphane Mercurio
Une longue peine, comment ça se raconte ? C’est étrange ce mot qui signifie punition et chagrin en même temps. Ainsi s’exprime Didier Ruiz lorsqu’il entreprend la mise en scène de son dernier spectacle monté avec d’anciens détenus de longue peine. Dans le temps suspendu des répétitions on voit se transformer tous ces hommes – le metteur en scène y compris. Le film raconte la prison, la façon dont elle grave dans les chairs des marques indélébiles et invisibles. Il saisit le travail rigoureux d’un metteur en scène avec ces comédiens « extraordinaires ». Et surtout il raconte un voyage, celui qui va permettre à cette parole inconcevable de jaillir de l’ombre pour traverser les murs.
Dans ce film, la réalisatrice Stéphane Mercurio suit le metteur en scène Didier Ruiz alors en pleine répétition de sa pièce où d’anciens détenus de longue peine et la compagne d’un ancien prisonnier reviennent sur leur quotidien en prison ou auprès d’un détenu. A travers leurs témoignages, c’est l’histoire d’un système pénitencier brutal et déshumanisant qui se raconte et qui affecte chaque strate de l’intimité : la vie de famille, la sexualité, la santé physique et mentale. Sans jamais tomber dans le misérabilisme, Après l’ombre, et avec lui, la pièce de Didier Ruiz, est là comme un écrin venant recueillir les souvenirs de ces hommes meurtris mais toujours infiniment dignes. Lors d’une séquence où les anciens détenus travaillent avec une chorégraphe, l’un d’eux s’arrête et avoue ne pas pouvoir supporter d’être touché depuis trente ans, trop habitué à l’être « pour et par la violence ». D’un dispositif simple et ténu, Stéphane Mercurio tire un film juste et d’une évidente portée politique.
Mardi 29 mai 2018 – 20h30 – La Passerelle – durée : 1h33 – séance suivie d’une discussion en présence de Jean Marie Fayolle-Noireterre, ancien président de cour d’assises et de l’un des protagonistes du film.